La célèbre compagnie de danse Batsheva revenait en France il y a quelques jours au théâtre national de Chaillot avec leur spectacle Deca Dance chorégraphié par Ohad Naharin.
A peine arrivée à mon fauteuil , un danseur suivant le rythme de la musique exerce des mouvements incarnant selon moi la folie.
Je crois que ceci n’est qu’un apéro dansant avant le spectacle mais quand arrive quelques minutes plus tard des dizaines de danseurs et danseuses , je me rends compte que le spectacle a déjà commencé.
Des applaudissements viennent terminer cette introduction dansée que déjà le rideau s’ouvre sur un demi-cercle de chaises avec des hommes et des femmes habillés en costume noir.La chorégraphie jouant de l’accumulation , à chaque mouvement est rajouté un nouveau qui à la fin donne une danse énergique et structurée. La synchronisation des mouvements est tellement parfaite que tout s’enchaîne avec rapidité.
A chaque reprise , les danseurs enlèvent un vêtement , une sorte de démonstration de la colère de soi.
Ce que j’adore en danse contemporaine , c’est la possibilité de comprendre ce que l’on veut. Chaque personne interprète à sa manière la danse.
Les danses s’enchaînent avec duos et groupes de danseurs.Quand les danseurs s’échappent de la scène pour aller dans le public , on se demande ce qui va se passer , ils choisissent des spectateurs …
Choisissent-ils au hasard ? On comprend vite quand tout le monde est revenu sur scène qu’ils n’ont choisi que des spectateurs à la tenue colorée , un contraste frappant entre le noir de leur costume et le décor noir du plateau.
Sans accessoire , ni artifice , la compagnie nous plonge dans un univers unique. Quand on sait que le spectacle est à l’honneur pendant le festival » Sur les frontières » , on peut imaginer que certaines danses incarnent le combat de deux clans , de deux groupes , de deux hommes.
A la fin le spectateur est dérouté dans sa lecture de la chorégraphie. Trois groupes de danseurs dansent simultanément. Le regard veut se porter partout mais il est incapable de suivre tout le monde, alors il choisit un groupe , un danseur et s’attache à ne regarder que celui-ci.